Quelques citations sur Rouen, que j'ai recueillies au cours du temps...
Si vous en connaissez d'autres (pas trop longues) envoyez les
moi...
Michelet, Hugo, Stendhal, Flaubert, Maupassant, Pissaro, Leblanc, Maurois, Kerouac, Delerm
MICHELET
"La régularité monastique, fidèle à une pensée; Saint-Ouen,
haut, long, étroit, sublime: c'est l'esprit monastique"
Victor HUGO
"Amis ! c'est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
Aux vieilles tours, débris des races disparues
La ville aux cent clochers carillonnant dans l'air
Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles
Dont le front hérissé de flèches et d'aiguilles
Déchire incessamment les brumes de la mer."
(in "Les Feuilles d'automne")
"J'ai vu Rouen. Dis à Boulanger que j'ai vu Rouen. Il comprendra tout ce qu'il y a dans ce mot. J'y ai passé les journées du 13 et du 14. J'ai vu tout, la chambre des comptes, l'Hôtel du Bourg theroulde, le palais de justice, le Gros-Horloge, Saint-Ouen, Saint-Maclou, les vitraux de Saint-Vincent *, les fontaines, les vieilles maisons sculptées, et l'énorme cathédrale qui fait à tout moment au bout des rues de magnifiques apparitions. Je suis monté sur le clocher de la cathédrale et sur la tour de Saint-Ouen. La ville et le paysage, de là-haut, sont admirables."
(Victor Hugo à sa femme - La Roche-Guyon, 1835)
* aujourd'hui dans l'église Sainte Jeanne d'Arc
STENDHAL
"Au reste, je rentre accablé de fatigue; je viens de me donner
le plaisir de revoir Rouen, comme si j'y arrivais pour la première fois.
Par des raisons que je dirai, Rouen est la plus belle ville de France pour
les choses du moyen âge et l'architecture gothique."
"A l'époque où régnait la mode du gothique, Rouen était la capitale de souverains fort riches, gens d'esprit, et encore tout transportés de joie de l'immense bonheur de la conquête de l'Angleterre qu'ils venaient d'opérer comme par miracle. Rouen est l'Athènes du genre gothique [...]"
"Ce qui est admirable à Rouen, c'est que les murs de toutes les maisons
sont formés de grands morceaux de bois placés verticalement à un pied les un des autres: l'intervalle est rempli par de la maçonnerie. Mais les morceaux de bois ne sont point recouverts par le crépi; de façon que, de tous les côtés l'oeil aperçoit des angles aigus et des lignes verticales."
(in Mémoires d'un touriste).
Gustave FLAUBERT
[La rue Eau-de-Robec] " La rivière, qui fait de ce quartier
de Rouen comme une ignoble petite Venise" (in Madame Bovary)
"Puis, d'un seul coup d'oeil, la ville apparaissait. Descendant tout
en amphithéâtre et noyée dans le brouillard, elle s'élargissait
au-delà des ponts, confusément. La pleine campagne remontait ensuite d'un
mouvement monotone, jusqu'à toucher au loin la
base indécise du ciel pâle. Ainsi vu d'en haut, le paysage tout entier avait
l'air immobile comme une peinture; les navires à l'ancre
se tassaient dans un coin; le fleuve arrondissait sa courbe au pied des
collines vertes, et les îles, de forme oblongue, semblaient
sur l'eau de grands poissons noirs arrêtés. Les cheminées des usines poussaient
d'immenses panaches bruns qui s'envolaient
par le bout. On entendait le ronflement des fonderies avec le carillon clair
des églises qui se dressaient dans la brume. Les
arbres des boulevards, sans feuilles, faisaient des broussailles violettes
au milieu des maisons, et les toits, tout reluisants
de pluie, miroitaient inégalement, selon la hauteur des quartiers. Parfois
un coup de vent emportait les nuages vers la côte Sainte-Catherine, comme des flots aériens qui se brisaient en silence contre une falaise."
(in Madame Bovary)
"CANARDS.-Viennent tous de Rouen."
"CONFISEURS.- Tous les Rouennais sont confiseurs." (in Dictionnaires
des idées reçues)
NdWebmaster: La première remarque fait allusion à la gastronomie et notamment
au
célèbre canard au sang (qui est en fait préparé avec un canard dit de Duclair).
Guy de MAUPASSANT
"J'aime ma maison où j'ai grandi. De mes fenêtres, je vois
la Seine qui coule, le long de mon jardin, derrière la route, presque chez
moi, la grande et large Seine qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux
qui passent."
"A gauche, là-bas, Rouen, la vaste ville aux toits bleus, sous le peuple pointu des clochers gothiques. Ils sont innombrables, frêles ou larges, dominés par la flèche de fonte de la cathédrale, et pleins de cloches qui sonnent dans l'air bleu des belles matinées, jetant jusqu'à moi leur doux et lointain bourdonnement de fer, leur chant d'airain que la brise m'apporte, tantôt plus fort et tantôt plus affaibli [...] (in Le Horla)
" Regarde ", dit-il.
Ils venaient de s'arrêter aux deux tiers de la montée, à un endroit renommé
pour la vue, où l'on conduit tous les voyageurs.
On dominait l'immense vallée, longue et large, que le fleuve clair parcourait
d'un bout à l'autre, avec de grandes ondulations.
On le voyait venir de là-bas, taché par des îles nombreuses et décrivant
une courbe avant de traverser Rouen. Puis la ville
apparaissait sur la rive droite, un peu noyée dans la brume matinale, avec
des éclats de soleil sur ses toits, et ses mille
clochers légers, pointus ou trapus, frêles et travaillés comme des bijoux
géants, ses tours carrées ou rondes coiffées
de couronnes héraldiques, ses beffrois, ses clochetons, tout le peuple gothique
des sommets d'églises que dominait la flèche aiguë de la cathédrale [...] (in Bel-ami)
Camille PISSARO
"Nous avons vu le paysage le plus splendide qu'un peintre
puisse rêver, la vue de Rouen dans le lointain, avec la Seine se
déroulant calme comme une glace, des coteaux ensolleilés, des premiers plans
splendides. C'était féérique."
Maurice LEBLANC
"On reste de Rouen toute sa vie alors même qu'on n'est plus
à Rouen. Pour moi être fou, c'est aller à Quatre-Mares; la prison
c'est Bonne-Nouvelle et la foire, c'est la Saint-Romain. Si l'on ne comprend
pas toujours Rouen, on s'en impègne et l'on en demeure imprégné."
André MAUROIS
"Lorsque j'entrepris de recenser les monuments de Rouen encore
vivants, je decouvris que Rouen, appauvri, dépouillé,
demeurait plus riche que tout autre métropole régionale". (Après
les bombardements de la seconde guerre mondiale)
Jack KEROUAC
"Je prends le train de Dieppe et nous partons à travers une
banlieue enfumée, à travers la Normandie; des champs d'un vert
pur dans la pénombre, de petites maisons, certaines en briques rouges, d'autres
qui ont des poutrelles en bois, d'autres
de la pierre; sous une petite pluie fine nous longeons la Seine qui ressemble
à un canal. Nous passons à Vernon
et dans de petites villes qui s'appellent Vauvay et Quelque chose-sur-Cie,
et nous arrivons à Rouen, ville sombre et
sinistre - un endroit horriblement pluvieux et lugubre pour se faire brûler
sur un bûcher."
(in Le vagabond solitaire / Lonesome traveler)
Philippe DELERM
"Je n'habite pas à Rouen. Je n'y travaille pas, et ne touche
par aucun point au jeu social de la cité. Mais pour moi c'est
la Ville. J'y vais passager clandestin, pour flâner par les rues et les
places, de Saint-Maclou au Vieux Marché, pour boire des instants qui conjuguent au présent le charme transparent du séculaire" (in Rouen)